lundi 12 octobre 2009

Sur la route, en compagnie des petites joies


 

Il existe sur le bord des routes des tristesses mais aussi des joies gentiment assises dans l’attente du passager qui les relèvera et lorsque passe le promeneur et son bâton, suivi de son chien-tendresse, alors joies et tristesses se dressent, prêtes à nouveau à reprendre la parole et à faire cortège à celui qui avance dans le paysage endormi, comme si chaque fois tout pouvait recommencer à s’animer à cause du bruit des pas sur le chemin et du bâton qui le accompagne et du chien qui court en avant de son maître et jamais ne dévore les petites joies et les grandes tristesses, mais leur fait la fête et tendrement les lèche de sa bonne langue rose et noire, tous les trois, passant, chien, bâton, permettant au monde et au paysage de se réveiller une fois encore, comme tous les matins, grâce au promeneur et à son chien, au bâton aussi qui rythme l’éveil du soleil sur la colline en face et fait voler la poussière blanche du chemin, tandis que les premiers oiseaux se mettent à croire eux aussi que le matin vient et avec lui tout ce qui s’ensuit dès que la lumière est posée sur la journée, comme le fait le peintre sur la toile vide, et voilà que je cours et voilà que je lèche et voilà que petites joies et grandes tristesses sautent dans mes bras et voilà que.

Inédit, La voix des hommes, SD

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